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vous trouverez la totalité de mes travaux ici y compris mes romans en cours "moonstars" et "le jour où le silence régna".

le jour où le silence régna

Publié par Roxii

-1-

 

Un art de conversation, un porteur de paix, une condition souveraine du savoir, une vertu,… on dit que le silence est la plus claire des explications quand les paroles se taisent, où encore que c'est l’âme des choses. Pour ma part, je n'avais jamais eu à me plaindre du bruit, à vrai dire, le silence était et est toujours mon ami le plus fidèle…

Mon nom est Soukout, l'équivalent de "silence" en Arabe. Ce nom ne m'était pas donné par hasard mais pour une raison bien particulière; je suis sourde de naissance et du coup muette.

Il faut avouer que malgré mon jeune âge, ma vie jusqu'ici était loin d’être une partie de plaisir; Fille unique, j'ai eu la chance de vivre dans une famille assez fortunée; Ma mère, une ex-infirmière a dû quitter son travail pour se consacrer à mon soin et éducation, quant à mon père, un homme occupé, on ne le voit pas assez. Le fait est qu'il nous a fait déménager à la compagne dès mon jeune âge pour que je puisse vivre une vie tranquille de peur que je subisse une quelconque forme d'harcèlement.

La période la plus difficile je dirais que c'était à sept ans quand j'ai appris que j'étais différente. A l'époque je ne le remarquais jamais car aussi loin que je m'en souvienne, tout le monde utilisait le langage des signes à la maison même pour communiquer entre eux par ordre de ma mère. Dès que cette dernière trouva le moment adéquat pour m'annoncer le problème, je me demandais si ma déficience n'était pas liée à l'absence de mon père. Malgré le jeune âge que j'avais, des idées comme être un fardeau où une honte pour lui commençait à me traverser l'esprit. Ils me semblaient expliquer la situation de notre famille.

J'étais une fille en manque d'amour paternel avec des idées clichées mais je n'étais pas pessimiste pour autant. J'aimais bien la vie, autant que n'importe qui, mais je me sentais isolée du monde. Comme on me refusait tout contact avec l’extérieur, j'ai commencé à m'intéresser aux livres. Quand je n'étais pas occupée avec mes cours de langues, Kung Fu où escrime, je lisais des livres de tout genre et tout coin. Pour ce qui est des arts de combat, c'est ma mère qui a eu l'idée; Elle croyait que si un jour je devais me dévoiler au monde, j'aurais à me défendre. Pour ma part, je trouvais cette idée excessive mais elle ne me déplaisait pas pour autant parce qu'elle m'a permis de rencontrer des amis assez impressionnants que sont mes senseis, à noter que sensei est un terme honorifique japonais qui signifie "maître" et que j’utilise principalement pour appeler Samuel sensei, mon maitre de Kung Fu.

Il faut avoir à l’esprit que les personnes sourdes ne vivent pas dans le monde du silence mais dans le monde visuel. Elles perçoivent l'environnement par les sens visuels et tactiles. C’est essentiellement par la vue que celles-ci compensent leur surdité, du moins c’était mon cas. J’ai appris à être reconnaissante envers Dieu pour ces yeux qui me facilitaient la vie, ces yeux qui me permettaient d’exceller dans les domaines que j’entreprenais, notamment le combat. Mes globes oculaires étaient donc mes atouts et Sam sensei en était conscient. Intelligent qu’il est, il a su exploiter mon potentiel en m’apprenant à anticiper et éviter les attaques de mes adversaires… C’est comme cela que moi, Soukout, à dix-huit ans près, j’ai dépassé le niveau le mon sensei. Je n’en étais pas ravie pour autant, car je savais qu’ayant achevé son travail, Sam sensei partira bientôt. Pourtant, je me suis préparée à cette idée depuis le début …

Sensei était comme un grand frère. Il s’est montré très gentil et toujours patient même lorsque j’avais un comportement peu chaleureux, surtout au début ; Je me souviens de notre première rencontre. J’avais sept ans et trouvais le monde ennuyeux. J’ai décidé que je resterais dans mon coin préféré du jardin, un lieu secret où je me réfugiais la plupart du temps, jusqu’à ce que mort vienne. Mère venait d’embaucher sensei et me cherchait partout pour faire les présentations. Je savais qu’elle ne me retrouverait jamais là où j’étais, mais à ma grande surprise, une main venait se poser sur ma tête.

Paniquée, je me suis retournée en sursautant et j’ai vu le visage souriant d’un jeune homme portant ce qui ressemblait à une robe noire, j’ai appris plus tard que c’était un kimono traditionnel et j’ai demandé à ma mère de m’en acheté un, chose qu’elle a fait sans hésiter.

Au début je détestais sensei. Il me faisait faire des exercices plus pénibles les uns que les autres sous prétexte de devenir forte, mais je ne voulais pas de cette force ! C’était jusqu’au jour où il a remarqué mon penchant pour la lecture et m’a offert un livre. C’était l’histoire d’une femme s’interrogeant sur sa place dans ce monde. Dans sa quête, elle est devenue guerrière et par suite une légende. Mulan.

Quand j’ai terminé le livre j’ai compris deux choses. Une, j’aimerais bien tenter le coup et devenir plus forte. Deux, sensei doit avoir des origines chinoises, ce qui expliquerait bien des choses, mais ce n’etait pas évident vue son apparence.

Depuis, j’ai décidé de m’appliquer d'avantage dans l’entrainement.

Et ainsi, sensei est vite devenu un être cher et je l’admirais par-dessus tout..

 

L’arrivée de mère m’a sorti de mon état de nostalgie. Elle était venue pour déposer mes vêtements fraîchement lavés. Je lui offris un regard en guise de salutation, elle m’a répondit par un léger sourire et continua le pliage. Je détournais aussitôt mon regard vers la fenêtre, pris une grande bouffée d’air frais et retournais à ma méditation.

Une demi-heure passa avant que je remarque la présence de sensei dehors. Il était étendu sous un arbre, un chapeau de paille sur le visage, la main supportant le poids de sa tête, l’air en paix.

Cet homme avait beau ressembler à un vagabond, je le considérais comme un modèle à suivre et un rival à surpasser. Je continu à croire que sans lui, je serais probablement encore seule et sans but dans la vie, je me serais certainement donner la mort depuis longtemps.

Il m’était donc hors de question de le perdre.

Dans ma réflexion je me demandais : Que ferait Mulan à ma place ? Et là, une idée m’a surgit.

Tard cette nuit, je me suis levée, changea mon pyjama contre un kimono, pris une épée que j’utilisais lors de mon cours d’escrime et le peu d’argent que je mettait de côté et partit rejoindre sensei dans sa pièce.

Arrivée à destination, j’ouvris la porte de la chambre avec délicatesse et en prions que sensei porte bien un pyjama pour dormir. Heureusement ce fut le cas. Je me suis approchée pour le réveiller mais il était déjà debout.

« Tu as fait preuve d’une agilité impressionnante, je ne t’ai presque pas vu venir » Me fit-il remarquer avec des signes.

Inquiète d’avoir perdue l’avantage de mes yeux parce qu’il faisait trop noir, je balayai la pièce de mon regard à la recherche d’une source de lumière pas trop voyante pour voir plus clair sans se faire prendre. A mon grand soulagement, sensei me connaissait bien. Il sortit une bougie de l’un des placards et l’alluma. « Tu n’as aucun sens du danger ma petite. Je me demande ce qui t’a pris pour venir dans la chambre d’un vieillard comme moi, et la nuit en plus. »

Ignorant cette remarque perverse, je me dépêchai de lui raconter mon plan pour s’échapper de cet endroit. Il ne sembla point convaincu de ma décision sous prétexte que dès qu’on remarquera son absence, il sera recherché pour enlèvement et détournement de mineur. N’ayant pas complètement tort, je lui fis remarquer que j’aurais dix-huit ans la semaine prochaine et que j’écrirais une lettre à ma mère quand on sera partit pour éclaircir les faits. Toujours pas assez convaincu, il a fini par accepter à contre cœur  et m’a fait promettre que ce voyage durera jusqu’à ce qu’il décide que ce ne soit plus le cas.

Excitée que je suis de voir le monde extérieur pour la première fois, j’ai accepté toutes ses conditions quitte à envoyer des lettres régulièrement à ma mère pour la rassurer.

Et c’est ainsi que ce voyage qui risquais d’être la chose la plus intéressante de ma vie, commença.

le jour où le silence régna

-2-

 

Le plus dur était le premier pas.

Une fois la porte d’entrée principale franchie, je ne pensais plus à ceux que j’ai laissés derrière moi, à ce que j’ai vécu à cet endroit, et qui se résumait littéralement à toute ma vie. Je songeais plutôt à ce qui m’attendait à présent que je suis dehors, libre.

Le plus étrange était le fait que je n’avais aucun remord, pas le moindre sentiment de culpabilité vis-à-vis cette fugue. Soudain, j’ai fut envahie par un sentiment de froideur qui se développait à chaqu’un de mes pas. Je me sentais invincible. Ce sentiment se développait de plus en plus, chaque seconde, à l’infini. Jusqu’à ce que je ne ressente plus rien. A cet instant précis, j’aurais bien pu tuer un homme sans avoir à faire à ma conscience, heureusement que sensei était là pour me remettre les pieds sur terre ; Il m’a suffi qu’il mette sa main sur mon épaule pour qu’une vague de chaleur enveloppe mon corps, brisant la froideur qui commençait à s’y installer un peu plus tôt.

Les idées de nouveau en place, j’ai repris la route, marchant derrière sensei et essayant tant bien que mal de distinguer le paysage dans cette sombre nuit.

Quatre bonnes heures et une dizaine de kilomètres de marche sans relâche plus tard, la fatigue commença à s’emparer de mon corps mais je luttais. Sensei s’arrêta net devant une grande maison, peut-être était-ce une écurie ? Je ne pouvais en être sûre à cause de cette noirceur, mais j’ai pu quand-même distinguer les signes qui me faisaient sensei me demandant de l’attendre quelques minutes. Un hochement de tête en guise d’approbation plus tard, et je me trouvais seule. Je saisi rapidement l’opportunité pour m’assoir par terre et reprendre mon souffle pour très vite repenser à ce que se passera dans quelques heures, quand ma gouvernante viendra me réveiller et qu’elle trouvera un oreiller à ma place, la réaction de mère et si mon père reviendrait enfin à la maison lorsqu’il le saura. Un souffle m’échappa suite à cette pensée. Je n’ai pas eu le temps de le reprendre avant qu’une voiture vint s’arrêter devant moi. Ce fut la première fois que j’en vois une aussi proche car malgré le fait qu'on avait une piste pour les véhicules de tout genre, chez moi les voitures ne dépassaient jamais la porte principale, ordre de ma mère..

Un homme âgé vint me sortir de ma petite séance de nostalgie, apparemment le conducteur, qui s’approcha de moi sans dire un mot, ouvrit la porte de derrière qui était de mon côté et à ma grande surprise, c’était sensei, assit en arrière qui me faisait signe de monter. Je lui obéis, et nous entamons notre voyage.

Pendant tout le trajet, je n’ai pu me résigner à dormir tellement les pensées s’accumulaient dans ma tête, et je n’étais pas la seule apparemment. Je voyais bien que sensei était inquiet, pourtant depuis qu'on est partit, il n’essaya même pas une fois de me persuader de rentrer à la maison. L’air pensif, il contempla la route et ne détourna sa tête que pour regarder sa montre une fois toutes les vingt minutes.

Ce manque de conversation aurait dû me laisser perplexe mais comme j’étais la personne la plus habituée au silence, je me suis arrivé à la conclusion que se parler était tout simplement inutile maintenant, surtout qu’il faisait toujours nuit et que mon seule outil de communication était inutilisable avec le peu de lumière qu'il y avait.

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